avertissement: ceci parle de relations entre hommes, et le sujet est assez dur
il n'y a aucune scène explicite, si je l'ai interdit au moins de 16 ans, c'est à cause du sujetauteur: Athéna
support: histoire originale
genre: yaoi, incestePARDONNE-MOI
« Pardonnez-moi mon Père parce que j’ai pêché. Cela fait bientôt quatre ans que je ne me suis pas confessé. »
Serrant fortement le tissu de son costume tout neuf, Nathanaël se retint de s’effondrer. Il n’osa pas porter son regard sur la grille qui le séparait du Prêtre.
« Je vous écoute, mon fils… »
Chapitre -I- la déchéanceIl était un petit pays nommé Galhétymésis, un pays ancré dans des traditions ancestrales de la Noblesse et du Clergé, et sous le règne d’une longue lignée de Rois riches et puissants. Le monarque était appelé la Lumière Galhétyenne, et l’Etat était bien autonome des pays voisins qui adoptaient peu à peu des régimes démocratiques par souci d’équité entre les différentes classes sociales de la nation.
Le Comte de Vyaris vivait seul avec ses trois enfants, sa femme étant morte en couche à la naissance de Madeleine Maya, la petite dernière. L’aîné, Guillaume Julius Alhan, dit Anie, portait tout l’héritage de sa famille dans son allure, sa générosité et son visage qui semblait avoir été sculpté par les plus grands génies. Il passait le plus clair de son temps sur le dos de son cheval à galoper pendant des heures. Le cadet était plus sage. Nathanaël Raphaël avait hérité la beauté de sa mère et la patience tranquille de son père. Il aimait être avec son frère et galoper avec lui, mais une santé fragile l’empêchait de suivre Guillaume aussi loin qu’il l’aurait voulu. Tous les trois étaient chéris par leur père qui vieillissait à vue d’œil. Ils étaient heureux, malgré l’absence de leur mère, dans leur manoir simple et accueillant. Leurs domestiques se plaisaient dans cette propriété assez modeste mais digne de leur riche maître qui n’était que bonté et sagesse. Le Comte était particulièrement fier de ses enfants, de deux ans d’écart chacun, tous plus beaux les uns que les autres.
Mais le temps devenait plus dur quand Guillaume atteignit ses dix-sept ans. Influencés par les pays voisins qui ne voulaient pas d’un allié gouverné par une monarchie, le peuple commençait à se soulever contre les Nobles et contre le Roi, car il n’était pas question pour eux de changer l’ordre des choses. Un vent de révolte s’annonçait sur Galhétymésis, il n’était plus bon d’être un aristocrate. Pendant ce temps, chez les enfants du Comte Vyaris, l’humeur n’était pas à la crainte. Rien n’est plus innocent qu’un enfant, quelque soit son sang. Nathie fêtait ses quinze ans.
- Mon fils, tu deviens adulte maintenant, dit le vieux Comte à son cadet. C’est un âge très important pour un homme.
- Oui père.
- Tu as encore du temps avant de me rattraper, petit frère, railla Guillaume en lui ébouriffant ses longs cheveux bouclés.
- Quand cesseras-tu de me prendre pour un enfant ? gronda Nathanaël en se protégeant de son bras.
- Quelque soit ton âge, tu seras toujours plus jeune que moi.
- Nathie ! s’exclama Madeleine. Tu ouvres mon cadeau en premier, s’il te plaît ?
Et le reste de la soirée Nathanaël joua du piano pour lequel il avait un véritable don. Avant même qu’il ne sache marcher, on l’avait assis devant un clavier. Depuis, il n’avait plus quitté le grand piano à queue d’un blanc immaculé. Il reproduisait à la perfection les chefs-d’œuvre de l’époque, puis il commença à faire ses propres compositions. Le son de son instrument faisait vivre le manoir, et tous prenaient du plaisir à l’entendre. Parfois, ils se réunissaient autour du garçon, et ils chantaient joyeusement.
Pendant la nuit, toute la propriété fut réveillée en sursaut. La chemise un peu débraillée, Guillaume entra précipitamment dans la chambre de son frère. Le château était assiégé, il fallait s’enfuir le plus rapidement possible.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Nathie en se frottant les yeux.
- Le peuple se révolte, répondit l’aîné. Contre le Roi, contre la Noblesse… Lève-toi, il faut partir ! Ils s’en prennent à notre château.
Nathanaël colla son visage à la fenêtre, les mains tremblantes posées à plat contre la vitre. Des centaines de villageois encerclaient la demeure, torches et armes à la main dans un esprit de violence et de colère.
- Pourquoi nous ? murmura l’adolescent de quinze ans.
- Ne te pose pas de questions, suis-moi !
Dans le couloir, ils retrouvèrent leur père en compagnie de Madeleine qui pleurait de peur.
- Guillaume, prend ta sœur avec toi. Occupez-vous d’elle. Partez par la forêt, vous serez en mesure d’atteindre le couvent à l’écart de la ville.
- Et vous, père ? demanda le jeune homme, inquiet.
- Ne te fais pas de soucis pour moi… dit le vieux Comte en passant chaleureusement sa main dans les boucles de son aîné. Je vais tenter de les raisonner. Partez maintenant. Mettez-vous à l’abri tous les trois. Guillaume, tu es responsable de ton frère et de ta sœur, je compte sur toi.
- Oui, père.
Les enfants partirent par la petite sortie derrière le château tandis que le Comte alla à la rencontre de la foule en colère. Arrivés dans les sous-bois, les enfants s’arrêtèrent un moment, angoissés.
- Père nous rejoindra ? demanda Madie.
- Oui, répondit son grand frère, pourtant pas convaincu. Attendez-moi là, je ne vais pas loin.
Il s’éloigna un peu, cherchant à apercevoir son père. Tout ce qu’il pouvait voir, c’était une foule bien regroupée et agitée, tenant des torches et des fourches à bout de bras. Il entendit des cris de douleur, des plaintes, et il reconnut la voix. C’était son père. Il se retenait d’aller le rejoindre pour lui porter secours. Il sentait toute la rancœur des paysans envers la Noblesse et cela l’immobilisait. Il ne pouvait rien faire, et il ne voyait pas ce qu’il se passait. Il ne pouvait que rester là, à entendre son propre père se faire assassiner. Il prit donc la décision de revenir en arrière pour s’échapper avec son frère et sa sœur.
- Où est père ? demanda à nouveau la petite fille.
- On doit y aller. Sortons de la propriété. Allons au couvent, dit Guillaume. Au nom de la Chrétienté, on nous donnera asile.
Les rues étaient désertes, ce qui facilita la fuite de la fratrie. Ils parvinrent sans mal à quitter la ville jusqu’à ce que le couvent soit à portée de vue. C’était un soulagement. La nuit était froide, et le vent du nord brûlait la peau. Guillaume frappa avec de grands coups rapides à la porte en bois.
- Ouvrez ! Je vous en supplie ! Par la grâce de Dieu, je demande asile ! Nous sommes des enfants !
- Grand frère, j’ai froid… se plaignit Madeleine.
- Je vous en prie, ouvrez ! répéta Guillaume en cognant plus promptement.
Nathanaël serra sa sœur contre lui.
- Ça va aller, dit-il.
- Asile ! Pitié, je demande asile !
La porte s’ouvrit et une dame âgée enveloppée de l’habit des nonnes apparut devant eux, surprise par le vacarme et les cris. Elle regarda tour à tour chacun des enfants.
- Seigneur… dit-elle. Que vous arrive-t-il, mes pauvres petits ?
- Nous avons nul part où aller, répondit Guillaume, visiblement touché dans son orgueil de devoir s’abaisser à quémander.
- Grand Dieu… entrez donc, mes enfants. Venez au chaud.
Ils se retrouvèrent dans une modeste salle à manger devant un feu bien chaud, des couvertures sur les épaules. Une dizaine de nonnes les entouraient, l’air compatissant et protecteur. Le silence régnait dans la salle. Madeleine pleurait dans les bras de son frère aîné. Elle avait compris qu’elle ne verrait plus jamais son père. La Mère Marie-Thérèse, qui les avait accueillis, allait prendre la parole quand des acclamations retentirent. Dans les champs voisins, les villageois, les meneurs de la rébellion défilaient en criant victoire. On entendait des chants révolutionnaires, des chants haineux contre la Royauté. Nathanaël perdit le peu de couleur qui lui restait sur les joues et Madie se crispa.
- Ils viennent de quitter notre maison, murmura Guillaume. Ils nous cherchent, sans doute, dans le but que l’humiliation de notre nom et de notre rang soit totale.
- Vous êtes les enfants du Comte de Vyaris, n’est-ce pas ?
- C’est exact.
- Je peux comprendre leur colère, dit Nathie d’une voix tremblante. Leur désir de justice… mais… comment peuvent-ils détruire des vies ? Nous ne sommes que des enfants ! Combien de fils et de filles de nobles souffrent de cette période de troubles ?
- Ne vous inquiétez pas, rassura une jeune nonne en posant sa main sur la tête du jeune homme. Vous êtes en sécurité ici. Reposez-vous et restez aussi longtemps que vous le voulez.
- Nous ne vous remercierons jamais assez, ajouta l’aîné de la fratrie.
Les lits étaient en bois, grossièrement montés. La pièce était sombre, un peu poussiéreuse, mais les enfants ne s’en plaignaient pas. Ils avaient du mal à croire que, la veille, ils étaient chaleureusement installés autour du piano de Nathanaël, bien loin d’imaginer que leur vie était sur le point de prendre un tournant différent. Guillaume était assis sur un des lits, sa sœur blottie contre lui. Ils devaient alors se résoudre à vivre cacher dans ce couvent. Tout le monde était d’une extrême gentillesse envers eux, mais l’aîné ne semblait pas soulagé pour autant.
- Qu’est-ce qui vous préoccupe ? demanda la Sœur Anne-Marie, une semaine après.
- Pendant combien de temps cela va durer ?
- Je l’ignore, Seigneur Guillaume. Il faut attendre que la colère du peuple soit apaisée.
- Pensez-vous, vous aussi que ceux de mon rang méritent un tel châtiment ?
- Je ne prône aucune violence. Nous sommes bien jeunes vous et moi pour y comprendre quoi que ce soit. Mais vous verrez : tout s’arrangera.
- J’aimerai y croire.
Madeleine se lia très vite avec la Sœur Anne-Marie et elle réclamait de moins en moins son père. Mais la situation leur était douloureuse. Pour ses deux cadets, Guillaume était devenu plus fort et protecteur, Nathanaël aidait les Sœurs du mieux qu’il pouvait, et Madeleine ne pleurait plus. Ils auraient pu vivre indéfiniment cachés dans le couvent. Le bruit courrait qu’on les recherchait mais par prudence le secret restait bien gardé. Cependant, un matin, Nathanaël ne se leva pas, pris par une de ses crises qui se manifestaient par une violente poussée de fièvre ainsi que des vertiges qui l’empêchaient de tenir debout. On ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre mais on fit venir le médecin quand même. Celui-ci reconnut immédiatement les enfants du Comte de Vyaris.
- Je vous en prie, murmura Guillaume, les yeux entourés de cernes bien marquées à force de veiller sur son frère. Il ne faut pas qu’ils nous trouvent !
- Je comprends. Soyez sûr de mon silence. Mais je crains que je ne puisse rien faire pour votre frère.